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alice delanghe

© Clément Marion

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Les images d’Alice Delanghe s’attachent à faire le portrait de contextes particuliers en agrégeant une pluralité de regards. Immobiles ou mouvantes, elles sont le fruit d’un travail au long court : de recherche d’abord, à partir des cadres normatifs qui régissent nos sociétés (emploi, mariage, etc), dont elle explore l’ambivalence et les réalités sur un territoire donné. 
Comment fait-on face aux pressions qui les sous-tendent et quelles stratégies sont déployées ? Comment se présente la pièce et quelle en est sa monnaie ?


Puis vient le travail des formes, le choix des images et la loi des séries, mû par la mise en scène et la concertation. Ainsi, pendant un an, elle étudie la réalité du manque d’emploi dans le Couserans, en Ariège, et en sort deux séries photographiques argentiques. 
La réserve (2024), d’abord, se compose de vingt-quatre portraits d’usager·ères de France Travail à Saint-Girons, tenant des pancartes indiquant leur métier idéal : ici, l’artiste ne traite pas de, ne documente pas la souffrance, mais met en avant les désirs et l’agentivité de ses modèles. La série fonctionne ainsi en reflet, évoquant les manques par le plein et proposant aux regardeur·ses de s’approprier, elleux aussi, la question implicitement posée. Aux personnes s’ajoutent les paysages : sur ces clichés-là figurent bâtiments administratifs, nature éparse et maîtrisée. Austères et inhospitaliers, ils nous parlent des normes qui les régissent et de celles que l’on souhaitent imposer au corps qui les traversent. L’artiste restitue ainsi l’environnement psychique et matériel des gens avec lesquels elle collabore.
Sans compter ses heures (2024) poursuit ce travail mais accentue la mise en scène : photographies de paysages alternent avec des portraits sur lesquels les protagonistes arborent un voile de mariée. Tout à la fois ornemental, spirituel, traditionnel ou occultant, il devient le symbole ambivalent de l’engagement et du don de soi. Rencontré·es au fur et à mesure de ses recherches, les personnes à l’image participent à sa construction, choisissant ce qu’iels souhaitent montrer d’elleux-mêmes, protégé·es des projections de l’artiste et des regardeur·ses.


À rebours d’une Histoire de la photographie qui refuse de penser ses rapports de domination, Alice Delanghe rassemble les “petites” histoires telles qu’elles choisissent de se raconter, et les tissent entre elles pour créer un maillage dont la résistance au regard extérieur naît de sa multitude

 


Flora Fettah

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© Alice Delanghe

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