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La dernière

projet en cours, commencé en 2023

FR

En août dernier, j’ai décidé d’abandonner une chose qui a partagé mes nuits et mes jours pendant près de onze ans: la cigarette.
À la fin de l’hiver, six mois sans fumer, j’en rêve encore. Pour continuer de faire exister mes efforts et ceux des autres ailleurs que dans nos têtes, j’ai commencé à prendre des photos.

J’ai donné rendez-vous à des personnes inconnues qui arrêtent de fumer, dans un endroit lié à leur sevrage. Je leur demande aussi d’amener les objets et stratagèmes en tous genres grâce auxquels ils et elles parviennent à faire passer l’envie de s’allumer une clope. Les stratégies pour se retenir m’intéressent.
Je considère ces rencontres comme des memento mori, à partager ensemble. Parler de la clope c’est parler de soi: le soi social, anxieux, routinier, auto-destructeur, économique, contradictoire, le soi contre lui-même. Je me rends compte de la chance que j’ai d’avoir accès aussi rapidement à l’intimité de ces personnes et je les sens reconnaissant.es de l’intérêt que je leur porte.
Je les prends en photo quand notre échange se termine.

Grâce à ces témoignages, je rencontre des parcours et comprends peu à peu comment s’organise plus globalement, dans notre société, l’arrêt du tabac.
Cette enquête photographique est à la fois intime, politique et médiatrice, elle se propose aussi comme un hommage à celles et ceux qui essayent.



EN

Last August, I decided to give up something that has shared my nights and days for almost eleven years: cigarettes.
At the end of the winter, six months without smoking, I still dream of it. To keep my efforts and those of others alive outside our heads, I started taking pictures.

I have arranged to meet unknown people who are quitting smoking, in a place related to their cessation. I also ask them to bring objects and stratagems of all kinds with which they manage to get rid of the urge to light up. I'm interested in the strategies for holding back.
I consider these meetings as memento mori, to be shared together. To talk about smoking is to talk about the self: the social, anxious, routine, self-destructive, economic, contradictory self, the self against itself. I realise how lucky I am to have such quick access to the intimacy of these people and I feel grateful for their interest.
I take their picture when our exchange ends.

Thanks to these testimonies, I am able to meet people's journeys and gradually understand how smoking cessation is organised in our society more generally.
This photographic survey is at once intimate, political and mediating, and is also a tribute to those who try.


 

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FR

Souvent les personnes qui souhaitent arrêter de fumer, ou qui sont dans le processus, me parlent du geste. Par amour ou par habitude, cesser de pratiquer la gestuelle d'un.e fumeur.euse peut être source d'angoisse et de manque.
Ces gestes sont mécaniques, familiers et font partie du paysage quotidien des fumeur.euses et de leur entourage. Ils sont banals. Ces gestes font pour moi, partie de la banalisation de l'addiction à la clope, alors j'ai voulu les photographier.

Je demande aux personnes de retirer leur cigarette avant de les photographier. Je cherche à faire un inventaire de ces gestes qui passent inaperçu, pour créer un ensemble d'images d'une étrangeté ordinaire.

EN

People who want to give up smoking, or who are in the process of doing so, often talk to me about the gesture. Whether out of love or out of habit, giving up the gestures of a smoker can be a source of anxiety and withdrawal.
These gestures are mechanical, familiar and part of the daily landscape of smokers and those around them. They are commonplace. For me, these gestures are part of the trivialisation of cigarette addiction, so I wanted to photograph them.

I ask people to take out their cigarettes before photographing them. I'm trying to make an inventory of these gestures that go unnoticed, to create a set of images of ordinary strangeness.

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