Des trains qui nous séparent et nous relient
22 photographies argentiques et numériques, 2023-24
FR
Série réalisée dans le cadre d'une résidence carte blanche commanditée par le GRAIN de la Vallée (Tiers lieu culturel et citoyen) et réalisée entre 2023 et 2024, dans le 11ème arrondissement de Marseille et présentée lors de l'exposition Transi(mi)tion.
Territoire
I. Partie de la surface terrestre.
A. Étendue de terre, plus ou moins nettement délimitée,
qui présente généralement une certaine unité, un caractère particulier.
[...]
es-tu rural, ouvrier, périphérique ? Que penses-tu, les matins en te regardant dans la glace, de tes humeurs changeantes du long de tes 2000 ans d'existence ?
Je ne suis « pas d'ici » ; usagère passagère, je me raccroche aux récits de celles et ceux qui ont grandi ici ou qui y ont passé le plus clair de leur existence. On me trace les grandes lignes d'un passé migratoire et ouvrier, c'était les années 30. Les êtres humains ici présent.es ont fabriqué des biscottes, des remorques, de la peinture, du verre, des produits chimiques, du ferroviaire, du capital, de la bière, des plans sociaux, des rêves, des grèves, des trains, et jusqu'à aujourd'hui, la grève des trains. Un train qui permet d'aller jusqu'au centre commercial, tout comme 6 lignes de bus, un car et 4 routes.
Le quartier a changé. Est-ce qu'on ose un « c'était mieux avant » ? Dans quel contexte se dit-on cela et de quel avant parle-t-on ? Avant les routes, avant la fermeture de Coder, avant La Valentine, avant le boom des prix de l'immobilier, avant de devenir une vitrine du libéralisme et du néo-libéralisme ?
Entre nous, c'était mieux avant ?
Des avants qui appartiennent à un même espace, mouvant, au fil des âges, au fil des gens, des habitudes des uns et du pouvoir des autres. ça se déplace, et où ça et quelle forme ça prend dans le paysage?
Des chateaux,
des usines,
une autoroute,
une ZAC
Autour de moi des images des pouvoirs s'imposent, comme une évidence. Ils interagissent avec mon cerveau à la recherche de sens. Il trouve des symboles de transitions et d'inertie. On peut les fantasmer, les remettre dans un récit, dans la lutte des classes. Ils jalonnent une histoire, toute commune et individuelle au sein d'espaces et de temps en partage. Tout change et pourtant rien ne change, les rêves de pouvoir restent à travers les âges : est-on maîtres ou esclaves?